Patrice Faubert

Rotule doublement cassée, ouverte, joyeux anniversaire

4 janvier 2018
Il est quatre heures du matin
S'entraîner si tôt, c'est pas malin
La marche athlétique
Depuis presque 40 ans que je pratique
Je sors de chez ma mère
Si l'on pouvait prévoir, tout refaire
Le sol est glissant
Et à un feu rouge, un chauffard, comme un guet-apens
Et sur un sol incertain, l'évitant
Sur le bitume, je tombe lourdement
Mon genou gauche tout prenant
Et je retombe en me relevant
Deux voitures passent mais aucun passager n'aidant
Et je souffre atrocement
Et revenant chez ma mère presque en rampant
Un calvaire, souffrant le martyre
La douleur est à hurler, il faut le dire
Puis SOS médecin
L'ambulance, la radio, cela va être vilain
La rotule gauche cassée en deux, ouverte, je m'en doutais bien
C'est arrivé à Courbevoie, d'un hôpital l'autre
Qui dans un manque de budget se vautre
Neuilly ou Franco-Britannique
Comme partout, pour soigner les gens, plus de fric
Et le 5 janvier, à peine opéré
Il faut vous casser
Prendre une décision d'hébergement dans l'extrême urgence
Pour l'anxiété, cela n'est pas les vacances
Il faut un endroit où l'on puisse vous aider
Manger, boire, uriner, se laver, les courses, déféquer
Une bouffe donnant envie de grève de la faim, ô malheur
Cantines, hôpitaux, prisons, maisons de retraite, souvent un même fournisseur
C'était le jour de mon anniversaire
Vraiment, il faut le faire
Et puis, tout suinte l'inhumanité
Dans le milieu hospitalier
Vous êtes un numéro, vous êtes déjà hors la société
C'est honteux, c'est scandaleux, à vous de vous démerder
Mais tout est ainsi
Le capitalisme est pire que nazi
Donc, j'en ai pour plusieurs semaines
Soins journaliers, il faut que dans la jungle administrative, je me démène
J'épargne bien des détails
Même le filet serré aurait trop de mailles
De l'infirmier homosexuel, qui profitant de votre désarroi
Vous nettoyant l'appareil génital, se prenant pour le roi
Et puis, il faut bannir les escaliers extérieurs
Ou privilégier tout ascenseur
Moi l'aidant de ma mère, à mon tour, je deviens aidé
La vie sait faire des pieds de nez
Certes, vivre, c'est de la sapience
Certes, vivre, c'est de la patience
Me voilà, handicapé, me voilà dans l'infirmité
Tout béquillé, sur une seule jambe, il faut s'appuyer
Tout ce qui peut nous arriver
Dans le monde, certes, est d'une grande banalité
Vivement que je puisse remarcher
Pas de quoi verser une larme
Le  monde est en guerre, le monde est une arme
Le capitalisme étant l'inhumanité
C'est devenu la normalité
Plus aucun ou presque, civisme, absence de solidarité
En toutes choses, plus aucune sensibilité
Tout y est souffrance refoulée
Surtout dans l'agonie, il faut bien aller
Toute une logique d'un monde marchand
Il faut tirer le premier, comme seul évident !

Patrice Faubert ( 2018 ) puète, peuète, pouète, paraphysicien ( http://patrice.faubert.over-blog.com/ ) Pat dit l'invité sur " hiway.fr "
 

Toutes les droites appartiennent à son auteur Il a été publié sur e-Stories.org par la demande de Patrice Faubert.
Publié sur e-Stories.org sur 09.01.2018.

 
 

Commentaires de nos lecteurs (0)


Su opinión

Nos auteurs et e-Stories.org voudraient entendre ton avis! Mais tu dois commenter la nouvelle ou la poème et ne pas insulter nos auteurs personnellement!

Choisissez svp

Contribution antérieure Prochain article

Plus dans cette catégorie "La Vie" (Poèmes en français)

Other works from Patrice Faubert

Cet article t'a plu ? Alors regarde aussi les suivants :

Spam pourriel - Patrice Faubert (Paroles)
Stars - Christiane Mielck-Retzdorff (La Vie)
Flying home - Inge Offermann (Général)