Said Chourar

La belle fille et les sept amants




(La scène : un homme entre, il porte une faucille dans une main et sur la tête un chapeau de paysan. Il fait des va-et-vient sur scène et s’arrête pensif. Il déclare : « Je suis le peuple, je suis le peuple, je suis le peuple » et il puis il déclame le poème suivant avec force gesticulations…)

Le peuple

Lorsque le dernier des colons quitta notre terre
La folie s’empara de tous nos malheureux frères
Chacun voulait la conquérir cette Algérie si belle
Elle était séduisante dans ses atours de rebelle
Les amants étaient nombreux et si vociférateurs
Leurs armes allaient soumettre son grand cœur
La belle Algérie, cette femme toujours insoumise
Etait là devant eux comme une esclave soumise
Ecoutons-les comment ils imposèrent leur règne
Sur cette femme dont le corps si frêle saigne.

(Une belle jeune femme entre sur scène, sa robe est un emblème national, elle va droit vers le peuple et elle lui dit : « Je suis l’Algérie, je suis l’Algérie, je suis l’Algérie ». Le peuple l’entoure de ses bras vigoureux, la sert fortement contre sa poitrine et lui répondit : « Raconte-moi Belle Algérie tes souffrances ainsi que les miennes » et elle de déclamer un poème):

La belle Fille

Je suis l’Algérie cette belle femme jamais soumise
Et en mon sein coule le sang de guerriers tout braves
Que de conquérants ont rêvé en faire leur terre promise
Mais mes enfants ont su braver tous les dangers graves
Je suis l’Algérie cette belle terre bénie et si millénaire
Que les belliqueux Phéniciens, Romains et Byzantins
Ont voulu conquérir en portant sur nous leurs guerres
Et mettre fin ainsi à mon existence et à mon destin
Je suis l’Algérie cette terre bien aimée et toute belle
Que les vandales, tous les oppresseurs ont saccagée
Mais mon peuple fut intraitable, courageux et rebelle
Se soulevant en bravant la mort et tous les dangers
Les Français ont voulu souiller toute mon histoire
En pillant, tuant, m’imposant un règne impitoyable
Dans la liberté, j’ai toujours voulu rêver et y croire
Et je veux connaître une vie paisible et toute stable

(Algérie va s’asseoir sur le trône et on voit apparaître sur scène une belle femme habillée en robe kabyle et parée de bijoux kabyles. Elle déclame un poème) :

Djurdjura

O ! Mère, je suis Djurdjura ta fille bien aimée
Et en moi coule ton sang de femme révoltée
Des milliers de feux pourront être allumés
Et le Kabyle est un être taillé dans la liberté
Mes enfants n’accepteront jamais l’esclavage
Et ils sont les bons gardiens de mes montagnes
Ils sont connus comme des gens braves et sages
Les Kabyles sont un peuple merveilleux si fier
Et n’acceptent point de vivre dans la misère
Mes montagnes constituent leurs bons remparts
Contre tous les envahisseurs fous et barbares
Je t’aime ô ! Mère chérie
Je t’aime ô ! Belle Algérie

(Djurdjura se dirige vers Algérie et les deux femmes s’enlacent dans une étreinte prolongée et à la fin elles s’assoient sur le trône. Entre une autre belle fille habillée de vêtements chaouis qui déclame un poème) :

Aurès

O ! Mère bien aimée, je suis Aurès ta fille
Et les Chaouias restent ma grande famille
Ce peuple est un peuple taillé dans le fer
Qui a l’amour de ta beauté et de ta terre
Ils sont de grands hommes épris d’équité
Et sont solidaires dans une réelle fraternité
Ce sont des hommes demeurés insoumis
Et ils ne craignent jamais leurs ennemis
Mes montagnes sont leurs uniques refuges
Et des leurs n’admettent point de transfuges
Je t’aime ô ! Mère chérie
Je t’aime ô ! Belle Algérie

(Aurès se dirige vers Algérie et les deux femmes s’enlacent pour aller enfin rejoindre Djurdjura sur le trône. Entre une autre belle jeune fille vêtue d’habits traditionnels targuis qui déclame un poème) :

Hoggar

O ! Mère bien aimée je suis ta fille Hoggar
Et mes enfants sont de bien solides gaillards
Ils ont vaincu les déserts ces grands espaces
Qui caractérisent la sobriété de notre race
Le targui est cet être du pays des lumières
Jaloux de sa liberté payée d’un prix si cher
Domptant la nature comme nul autre d’ailleurs
Et tout rompu aux difficultés sans nulle peur
Je suis Hoggar cette fille de la dure aridité
Qui donne un sens à la véritable fraternité
Je t’aime ô ! Mère chérie
Je t’aime ô ! Belle Algérie.

(Hoggar et Algérie s’enlacent et elles rejoignent aussi le trône.
Entre une belle femme avec des habits mozabites qui déclame un poème) :

Tawlawant

Je suis Tawlamant cette montagne mozabite
Tirant son nom d’une roumie devenue ibadite
Mes enfants sont les dignes fils d’un royaume
Qui a donné au pays de bien illustres hommes
Mes fils sont taillés dans l’amour et la tolérance
Et du désert ils tirent l’essentiel de leur existence
Ils sont connus pour leur solidarité exemplaire
Et leur attachement à tous leurs autres frères
La science est leur argument depuis toujours
Et c’est cela qui imprègne tout leur amour
Je t’aime ô ! Mère chérie
Je t’aime ô ! Belle Algérie

(Tawlawant se dirige vers Algérie et les deux femmes s’enlacent dans une étreinte prolongée pour aller ensuite sur le trône. Algérie revient sur scène et déclame un poème) :

La Belle Fille

Le premier de mes amants fut terrible
Il dressa mes enfants dans la haine
Il fit ainsi de tout le monde sa cible
Voyons comment ont germé ses graines.

(Entrée d’un homme arrogant en costume, l’air conquérant. Il va droit vers Algérie et le peuple et après avoir tourné quelques instants autour d’eux, il leur dit : « Je suis Benbella, je suis Benbella, je suis Benbella » puis, il récite un poème avec force gestes et suffisance.

Le Premier Amant

Je suis venu par la grâce des baïonnettes
Bien asseoir mon pouvoir sur cette terre
Je dois grâce à ces hommes en casquettes
Que j’ai appelé et affublé du nom de frères
Je suis rentré avec des chars sur Alger en fête
Soutenu par cette grande armée des frontières
Les Arabes comme les Kabyles se font la tête
Et je pouvais dominer leurs esprits de misère
C’était bien leur fraternité qui m’inquiète
Il me fallait leur détruire tous leurs repères
Hussein Dey m’avait transmis la recette :
Les Juifs sont intelligents mais des vipères
Les Arabes sont aussi dociles que des bêtes
Les gens du sud de beaux chameaux du désert
Quant aux perfides Kabyles qui s’entêtent
C’est dans leurs rangs qu’il faut porter la guerre
Le peuple doit comprendre qu’il a une dette
Envers l’islam et l’arabe, des atouts si chers
Qui me serviront à bâtir toutes mes conquêtes
Les Arabes serviles haïront leurs congénères
Mozabites, Targuis et ceux des hautes crêtes
Je déclare Dieu arabe et moi je suis si fier
Pour faire tout afin que jamais nul ne m’arrête.

(Benbella s’en va s’asseoir sur le trône à côté de la Belle Algérie. L’Algérie s’avance et elle dit : « Son règne, sur moi, a duré de juillet 1962 et s’est achevé brutalement un certain 19 juin 1965 lorsque mon deuxième amant arriva. Boumediene entre avec des militaires qui arrêtent Benbella et le jette en prison sur scène. La Belle Algérie se lève, s’avance et récite son poème) :

La Belle Fille

Le deuxième de mes amants est si honnête
Il aima son peuple d’un amour si bien fort
Il réalisa une grande œuvre presque parfaite
Et son travail devint un merveilleux trésor

(Boumediene, une fois Benbella mis en prison, s’avance vers la Belle Algérie et le peuple pour dire son poème) :

Le deuxième amant

Le Président était un mégalomane dangereux
Et je ne pouvais taire une aussi grave dérive
Il se targuait d’être le seul envoyé par Dieu
Et jouait au fou face à une peuplade craintive
« Je suis le seul homme envoyé par les cieux
Soutenu par l’armée et toutes les forces vives
Je ferais : un parti, un prophète et un seul dieu
Et je veillerais bien à ce que l’islam se ravive
La langue arabe sera celle de tous ces preux
Les enfants du peuple m’adorent et me suivent
Tôt, ils oublieront ce prisonnier qui les prive
De toute liberté qui en fasse des êtres heureux
De tout espoir qui permette qu’ils survivent
Je suis là pour les faire rêver ces malheureux
Ils suivront mes révolutions sur le qui-vive
L’agriculture sera le plus solide de mes pieux
La culture sera la deuxième qu’ils écrivent
L’industrie fera la force des plus chanceux
Les gens du peuple seront ma force dissuasive
Qui m’aideront a en faire un peuple de preux
Les Berbères et les Arabes de toutes les rives
Glorifieront tous nos grands ancêtres valeureux
Notre peuple n’ira plus vers cette grave dérive
Concoctée par cet homme à l’esprit si creux
Les hommes meurent et les révolutions survivent
Et le socialisme sera la recette venue des cieux
La sécurité libérera toutes ces foules craintives
Et j’en ferais des hommes libres bien heureux
Ils aimeront leur patrie dans une idylle maladive
Et seront mon rempart des ennemis dangereux.

(Boumediene tombe malade et il meurt en présence d’un médecin. Des militaires viennent vers lui, le mettent dans un cercueil qu’ils déposent dans une tombe sur scène sous les cris de « La illah illa allah Mouhamed rassoul allah ». Entrée en scène de Chadli qui se dirige vers le trône et s’assoit. La Belle Algérie se lève et récite un poème) :

La Belle fille

Le troisième de mes amants est un malade
Ses extravagances ont causé toute ma ruine
Il s’en donna bien des libertés par son grade
Et il fit de notre pays sa plus grande cuisine




(Chadli se lève du trône avec un air méprisant avec son air méprisant et se dirige vers le peuple et la belle Algérie puis il commence à déclamer son poème avec son air roublard) :


Le troisième amant

Le défunt Président était un grand dictateur
Je me dois de donner au peuple sa liberté
La minorité vit dans l’opulence et le bonheur
Alors que la majorité a perdu jusqu’à sa fierté
« Mon projet est celui des grands libérateurs
Je satisferais les ventres creux jusqu’à satiété
Le bon peuple doit oublier toutes ses peurs
Beaucoup de douceur et point de fermeté
Je construirais des monuments à sa grandeur
Et la mosquée sera ce grand lieu de piété
Les riches ne seront plus cités comme voleurs
Mais comme des sauveurs de notre société
La masse des pauvres donnera de sa sueur
Et pourra apprécier notre grande générosité
Que ne ferais-je pour éloigner toutes ces peurs ?
Le peuple du ventre connaît la vraie dignité
En craignant le bonheur et en aimant le malheur
Il dira souvent dans sa pensée toute de naïveté
Nous sommes le peuple des grands vainqueurs
Ils doivent nous affamer et parfois nous fouetter
C’est bien notre malheur qui fait leur grandeur »
Les seuls qui menaceraient notre belle stabilité
Sont ces perfides Kabyles, cette race de la douleur
Ils lèvent fort l’étendard des droits et de l’identité
En piétinant, barbares, nos vraies véritables valeurs
Leur atavisme berbère est d’une grande méchanceté
Ils oublient que nous sommes Arabes par honneur
J’ai fait des dettes à cause de notre grande fierté
J’ai emprunté de France, d’Italie et d’Equateur
Des milliards de dollars et dans ma générosité
J’ai édifié des stèles pour imposer ma grandeur
Le mauvais peuple gaussait que j‘étais un âne bâté
Et moi je lui ai fait voir de toutes les couleurs.

(Chadli retourne sur le trône et Boudiaf entre flanqué de militaires. On avance vers Chadli qui signe sa démission. Un militaire s’avance et dit : « Chadli a démissionné, il va rejoindre les pages de notre Histoire. Vive Boudiaf ! ». La Belle Algérie se détache et récite un poème alors que Boudiaf s’installe sur le trône) :

La Belle Fille

Le quatrième de mes amants est un grand naïf
Il avait cette suffisance des grands révolutionnaires
Il était l’homme redouté traînant un lourd passif
Qui rêvait d’unir ses amis avec ses adversaires

(Boudiaf quitte le trône et va vers la Belle Algérie et le peuple et récite un poème avec force gestes) :


Le quatrième amant

Le Président démissionnaire était un être colonisable
Il était le digne représentant de ses maîtres de France
Il fit de notre peuple fier un peuple de petits minables
Son règne nous lègue nombre de terribles souffrances
Les décideurs de l’ombre se sont tous mis à table
Et décidèrent de mettre fin à sa désolante gouvernance
Ils se rappelèrent de moi, Boudiaf, votre belle fable
Conduisant en brave le peuple vers son indépendance
« Viens à nous car l’Algérie est vraiment si instable
Dix ans de musellement et d’hypocrites silences
Injectés comme un mortel venin des plus redoutables
Ont détruit ce bon peuple qui était le fer de lance
Des damnés de la terre, ces humanités méprisables
Ainsi, je suis venu avec ma naïveté et mon innocence
J’ai voulu montrer au bon peuple la voie honorable
De l’effort, du travail, de l’honnêteté et de la science
C’est ainsi que le peuple me prêta si bien allégeance
Et notre jeunesse vit en moi l’exemple remarquable
D’un programme de sauvetage de toute intelligence
Les cercles occultes mènent leurs danses du diable
« Il est vraiment dangereux cet homme providence
Ce franc-maçon qui projette une vision exécrable
Il est fou de promettre au peuple une vie d’opulence
Sait-il au moins qu’il est en face de lions indomptables ?
Notre peuple n’a point besoin de liberté et d’aisance
Mais d’une vraie poigne de fer et des plus intraitables
Cet homme est dangereux et n’est point notre chance
Il faudra envisager son éviction et la rendre probable »
Je voulais bien, sur mes adversaires, avoir de l’avance
Je savais que mes jours, mes instants étaient comptables
Les hommes en kaki comme en barbes dans leur insolence
Ne pouvaient concevoir notre pays qu’en position instable
Eux qui avaient tous bien servi leur mère la France
Iront me tuer sûrement pour des raisons inavouables
Mais je me dois de donner à mon pays toute sa chance

(Boudiaf retourne vers le trône et on entend le crépitement d’une rafale d’arme automatique. Le Président s’affale. Un militaire crie : « Boudiaf a été tué, Boudiaf a été tué, Boudiaf a été tué… » Le peuple s’avance et déclame un poème) :

Le peuple

Les islamistes ont tué un grand révolutionnaire
Cet homme qui m’a libéré ainsi que notre terre
Ils porteront l’opprobre de leur geste méprisable
En assassinant aussi lâchement notre belle fable
Moi peuple algérien, je ne saurais leur pardonner
A ces fous de Dieu que mon sol saura condamner
Leur crime est vraiment effroyable et injustifié
C’est à toute la nation qu’ils lancent leur défi
La Belle Algérie n’épousera jamais de barbu
Car c’est son venin qui tue que nous avons bu
La mort du grand Boudiaf restera dans nos annales
Comme l’expression d’un crime de cannibales
Moi peuple algérien, je me lève dans ma fierté
Et je protégerais notre Belle Algérie avec fermeté
Nous la voulons convoler en belles noces de joie
Avec un homme qui la méritera dans sa vraie foi

(Entre en scène Ali Kafi et il se dirige droit vers le trône en disant : « Je suis Ali Kafi, je suis Ali Kafi, je suis Ali Kafi ». La Belle Fille s’avance et déclame un poème) :

Le cinquième amant

Lorsque mon bon frère d’armes est mort
Je me suis retrouvé seul aux commandes
J’étais bien le seul homme capable et fort
Qui pouvait plaire à tout ce beau monde
Les hommes de l’ombre agissent encore
Ils ont vu en lui cette bête noire immonde
Boudiaf n’était pas l’homme du décor
Personne ne pouvait accepter sa fronde
Ses idées subversives faisaient très tord
Et les pauvres Kabyles avec leur faconde
Commençaient à donner plein d’efforts
C’était là la seule occasion qu’ils attendent
Depuis l’élimination d’Abane leur mentor
Je voyais leur atavisme berbère qui gronde
Et c’est Boudiaf qui nous a jeté dehors
L’Arabe dans ce pays est aux commandes
Et point de place à des hommes si retors
Je suis Kafi et je mène mes sarabandes
En bon danseur arabe, gardien des trésors
Ces Kabyles piétinent toutes nos plates plantes
Ces bêtes du Djurdjura et des monts Babors
Qui agissent en mal telles de petites bandes
Et nous devons leur marcher sur les corps

(Ali Kafi retourne sur le trône, il se lève d’une façon solennelle et dit : « Je quitte le pouvoir
dans un esprit d’alternance et je cède ma place au grand Général de notre armée Si Liamine Zeroual qui est là pour terminer le travail entamé » puis il sort et on voit arriver Zeroual dan,s sa tenue militaire. Le Général va sur le trône et crie : « Je suis le Général Zeroual, Je suis le Général Zeroual, je suis le Général Zeroual ») :

La Belle Fille

Mon sixième amant est un grand Général
Il conjuguait amour de concert avec la mort
Il ne pouvait discerner entre le bien et le mal
Sanguinaire, il s’imposa en homme tout fort


(Zeroual se lève, se dirige vers la Belle Algérie et le peuple et déclame un poème) :

Le sixième amant

Je suis Zeroual le grand Général de carrière
Je suis venu rétablir l’ordre et la discipline
Ma dure main sera une main de feu et de fer
Et les gueux doivent courber leurs échines
Mes seuls hommes sont mes chers militaires
Ils boiront mes paroles d’essence divine
Ils tueront et l’islamiste et ce fou berbère
Et seront dignes de l’armée du frère Staline
L’Algérie est la nôtre et ne peut être leur terre
Et nous l’avons arrachée des mains assassines
L’islamiste et le berbère ne sont pas nos frères
C’est notre destin qu’ils jalousent et minent
Mon Algérie à moi et dont je suis si fier
Viole, vole, réduit ses ennemis qu’elle élimine
Il faudra bien les atteindre dans leurs chairs
C’est aux tortures et aux geôles que je les destine
C’est ainsi que toute ma politique doit se faire
Puisque l’Algérien estime l’homme qui le piétine
J’ai fait mon travail de soldat et c’est la guerre
Contre ces islamistes, ces maudites vermines
Je leur ai accordé Rahma cette fille d’adultère
Alors que mon rêve était que je les extermine
Les décideurs voulaient chanter de nouveaux airs
Et c’est le départ définitif pour moi Si Liamine

(Zeroual se lève et quitte la scène puis on voit entrer Bouteflika l’air alerte et l’œil malin. Le nouveau Président va sur le trône et s’assoit puis il crie : Je suis l’homme de la réconciliation, je suis l’homme de la réconciliation, je suis l’homme de la réconciliation ») :

La Belle Fille

Le septième amant est un homme de rêve
Il est venu avec un message plein d’amour
Fasse Dieu que notre bonne idylle ne s’achève
C’est l’homme que je voudrais pour toujours

(Bouteflika se lève, il se dirige d’un air résolu vers la Belle Algérie et le peuple et récite un poème avec tristesse) :

Le septième amant

Lorsque survint le départ de ce grand général
Les décideurs s’adressèrent à l’homme si sage
Je suis venu avec ma réconciliation nationale
Et c’était là bien le meilleur de mes messages
Je voyais notre pays livré aux forces du mal
Souillant son histoire et toute sa belle image
J’ai prié Dieu de m’aider dans cette œuvre fatale
Pour ramener mon peuple égaré aux bons rivages
La meute des chiens, des loups et des chacals
Cria de partout à chacun de mes grands passages
Les politiciens de salons et des luxueuses salles
Continuèrent à nous faire de mauvais présages
Imperturbable, j’ai mené sans répit le grand bal
Injectant le sérum de l’amour en savants dosages
Le bon peuple y trouve son compte et s’emballe
Alors que nos bons conseillers étouffent de rage
L’Histoire retiendra que de toutes ses escales
Celle de la Réconciliation mérite nos hommages
Je suis venu guérir la Belle Algérie de son mal
Je voudrais l’aimer cette belle femme-courage
Je vous invite à délaisser toutes vos idées sales
Qui, dans son grand cœur, ont fait des ravages
Il faut que l’amour dans vos cœurs s’installe
Je ne peux être un prophète ni même un mage
Les Algériens peuvent bien atteindre leur idéal
Et mettre un terme à leurs instincts de sauvages
L’islam, l’arabe, tamazight sont de beaux pétales
D’une Algérie dont, seul, l’amour, est le message

La Belle Fille

J’ai connu six amants fous et débiles
Et un seul qui m’a aimé tendrement
J’ai vu et connu les actes les plus vils
Un seul m’a servi aussi loyalement
Bouteflika est la meilleure des idylles
Il sera le préféré de tous mes amants
Je n’aime pas bien ce temps qui file
En malheurs, querelles et tourments
Je voudrais être cette belle petite île
Où vous vivrez tous de doux moments
Je pourrais aussi me partager en mille
Car je serais, à vous tous, votre maman
Je suis l’Algérie cette belle fille si fragile
Que tout le monde veut parer de diamants
Mes enfants doivent se montrer dociles
Pour gagner un jour proche le firmament
L’Algérien des montagnes ou des villes
Se doit de vivre en harmonie sagement
Mon ventre sera pour toujours si fertile
Et je vous en fais mille fois le serment

(Le peuple s’avance vers le public et dit son poème)

Le peuple

Beaucoup l’aiment pour sa loyauté
On aime chez lui cette grande fierté
Un diplomate nous est vraiment utile
Tout est indiqué dans son beau profil
En votant pour lui ô ! Belle Algérie
Fière qui se lève et si fort nous crie :
« Loin de nous la misère et la peur
Il est bien l’homme de notre honneur
Kabyles, Mozabites, Arabes ou Chaouis
A lui je veux que vous disiez tous : « Oui »

(Tous les comédiens constituent le chœur qui va lire le poème suivant) :

Le chœur

La belle Algérie vous fait tous appel
Il y a de la place sous son beau ciel
Elle a besoin de tous ses bons enfants
C’est son cri qui nous vient du tréfonds
Dans ce monde elle avait toute sa place
Elle était respectée de toutes les races
Elle luttait à panser ses graves blessures
Laissées par cette nuit coloniale si dure
Elle bâtissait dans la paix son avenir
C’est notre promesse faite à nos martyrs
Les écoles, les usines poussaient en fleurs
Elle se cherchait un destin des meilleurs
Elle n’avait pour âge que ses vingt ans
Quand elle fut trahie par ses enfants
Hélas ! La folie supplanta toute raison
Et le crime pénétra dans notre maison
Dix années de sa vie lui furent atroces
En barbarie, en crimes crapuleux féroces
Que même les enfants ne furent épargnés
Ainsi que nos mères qui furent saignées
Que de crimes commis au nom de l’islam
Commis par des fous malades sans âmes
L’Algérie souffrait vraiment sans le silence
Face au déferlement de toutes les violences
Que réclame-t-elle de nous en ce jour ?
Rien d’autre que le règne de l’amour
La victime ne peut être que notre victime
Et au bourreau de bien regretter ses crimes
La victime peut aller au grand pardon
C’est à l’Algérie qu’elle en fera don
Le bourreau ne peut se targuer d’honneur
Il portera le lourd fardeau de ses horreurs
Réconcilions-nous ! C’est l’appel des sages
Ecoutons-le ce plus beau de nos messages.

Toutes les droites appartiennent à son auteur Il a été publié sur e-Stories.org par la demande de Said Chourar.
Publié sur e-Stories.org sur 23.09.2011.

 
 

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