Une vieille maîtresse

Elle aurait pu être ma mère
Elle me tenait dans ses serres
Nous allions parfois en Autriche
J'étais pauvre, elle presque riche
De mauvais pas, elle me sortait
Elle était avocate administrative, il est vrai
Et si quelquefois, elle me taquinait
De toutes mes combines
De toutes mes rapines
Jamais, elle ne se moquait
De sensualité, nous avions nos scénarios
Pour en ce domaine, ne pas mourir comme des idiots
Elle était en strict tailleur et en bas
Et je l'aimais bien comme cela
Elle avait sa vie, j'avais la mienne
Et nous nous retrouvions, toujours, quoi qu'il advienne
Elle était mon égérie
Et j'étais son anarchie
Toujours elle m'aidait, du matin au soir
De mes mauvaises histoires
Nous avions nos ébats amoureux
Dans une petite tanière, réservée pour nous deux
Elle habitait près de Vincennes avec ses enfants chéris
Je demeurais vingt-trois passage national à Paris
Elle avait un peu de pognon
Et moi, je n'avais pas un rond
J'étais un chômeur, j'étais un rêveur, j'étais un poète
Et sur mes travers, elle restait muette
Souvent, elle m'invitait au restaurant
De son ministère, ou au tout-venant
Pendant une vingtaine d'années
Elle fut de grande fidélité
Puis, mes extravagances la lassèrent
Et je la perdis, comme amante mère
Ainsi, de mon existence, elle disparut
Pour toujours, de ma vue
Elle s'appelait Jacqueline
Sa voix était de grande douceur
Parfois, quand j'y repense, ma tête dodeline
D'un secret d'indicible bonheur

 

Patrice Faubert ( 2002 ) pouète, peuète, puète, paraphysicien ( http://patrice.faubert.over-blog.com/ ) Pat dit l'invité sur " hiway.fr "